Il existe une similitude impressionnante entre les fleurs et les yeux. Les fleurs nous attirent puissamment vers elles, nous enchantent. Comme si en réalité c’était elles qui nous regardaient… Elles nous ensorcellent. Elles nous médusent ?…
Plongeons dans la mythologie grecque. Méduse, une des trois gorgones, était la fille de Phorcys et de Céto, la petite-fille de Gaïa (la terre) et de Pontos (l’océan). Bien que de sang divin, Méduse était la seule mortelle. Et d’une très grande beauté…
Poséidon sous son charme, l’entraîna afin de la séduire dans un temple dédié à Athéna, déesse de la guerre. On dit que la beauté de Méduse rivalisait outrageusement avec celle de la déesse. Athéna, offensée par tant d’irrespect, transforma alors Méduse (ainsi que ses sœurs) en monstre, sa chevelure devint serpents et son regard pétrifia désormais celui qui osait plonger ses yeux dans les siens…
Les gorgones demeuraient, dit Hésiode, au-delà de l’océan, à l’extrémité du monde, près du séjour de la Nuit : « Méduse était mortelle, les deux autres étaient à l’abri de la mort et de la vieillesse ; mais elle seule vit se coucher auprès d’elle le dieu à la chevelure d’azur, dans une molle prairie sur une couche de fleurs printanières. Lorsque Persée lui eut tranché la tête, on vit naître d’elle le grand Chrysaor et le cheval Pégase.» Hésiode, Les Théogonies
Le mythe de Méduse nous parle de l’ambiguïté, de la frontière entre la vie et la mort, le jour et la nuit, la bestialité et l’humanité, la vieillesse et la jeunesse, la beauté et la laideur.
Méduse vient de ἡ Μέδουσα participe présent du verbe μέδω :régler, protéger, régner sur. Il peut donc se traduire par « la protectrice ».
Si l’on parvient à plonger notre regard dans le sien, la nature est bel et bien protectrice. Pas besoin d’être pétrifiés, non, acceptons simplement de rester médusés devant tant de beauté…

« La Nature est un continuel ressourcement. S’y balader, c’est renouer avec la magie naturelle »
Cofondatrice d’herbafae, Aude aime à transmettre son goût pour une nature enchantée. Principalement autodidacte, elle a conservé du grec et du latin une passion pour l’étymologie et les mythologies qu’elle insuffle lors des balades et des plantes rencontrées en chemin. Elle navigue entre créativité et connaissance du monde végétal pour vous offrir des intervalles privilégiés où le temps s’efface, où les pensées s’envolent pour que ne demeure que l’essentiel.